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  • : Roberto Scherson pianiste compositeur
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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 16:42

Le seul point commun entre les aventures d’Ulysse dans l’Odyssée et Mozart est le génie de leurs "actants" pour l'improvisation.

 

Ils triomphent, échappant aux impedimenta des éléments et cela leur confère sur nous, simples mortels, une certaine paternité : La paternité des vainqueurs.

 

Nous les voyons au delà de l'horizon nous donnant l’impression d'intelligence supérieure, de valorisation mystique.

 

Et si il y avait plus de facilité dans leur tours que celle que nous pensons ?

 

Certainement... mais seulement de leur point de vue !

 

La vie quotidienne est pleine des taches répétitives. C'est le contraire de la terra incognita de la créativité.

 

C’est nécessaire pour se rassurer car le tâtonnement de « l’au delà » fait peur.

 

En apparence, vivre dans une maison solidement fondée apparaît plus rassurant et valorisant que mener une vie nomade.

 

Notre époque, caractérisé par la démystification des illusions et un certain rejet de l’inconscient,critique le fait de s’exhiber dans la spontanéité.

 

Cela peut même être considérée comme subversif, sauf dans le cadre du divertissement et du spectacle.

 

De la même façon, la création musicale dûment consolidée par la partition apparaît assez éloignée de l’improvisation à l’égard de laquelle nous avons du scepticisme.

 

Pourtant tout dépend finalement du lapse entre l’instant de la conception et l’instant de l’exécution.

 

Écrire une symphonie en une journée, n’est t-il pas une pratique inventive quasi immédiate ?

 

Nous parlons alors de sensorialité. Ça échappe aux méthodes, on reconstitue les choses seulement à posteriori, on joue avec les sons, avec l’instrument, etc.

 

Si ça reste non écrit, cela ne remplira pas les archives.

 

Ça restera un élan perdu dans la légèreté du cosmos.

 

Cela semble pourtant important comme rempart contre le « structuré ».

 

Inutile cependant de voir « tout blanc ou tout noir »

 

Même une liste des taches parfaitement planifiée à une grande part d’improvisation masquée.

 

D’autre part, s’abandonner à la plus pure expression, ne relève pas non plus du pur hasard. Il y a un bagage préalable avec des milliers d’expériences qui précèdent tout acte.

 

Rien n’est purement technique ni purement réflexe.

 

Appelons la philosophie au secours :

 

Nietzsche dis que : notre existence spontanément consentie au cosmos et le retour critique sur ce consentement c’est le signe d’une séparation de l’homme d’avec lui même.

 

Kant parle du sentiment dynamogène : « l’impetus »

 

Vicente Huidobro fait une différence entre art de reproduction, art d’adaptation et art créatif.

 

Finalement citons Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception, p.36

 

« L’empirisme ne voit pas que nous avons besoin de savoir ce que nous cherchons, sans quoi nous ne le chercherions pas et l’intellectualisme ne vois pas que nous avons besoin d’ignorer ce que nous cherchons, sans quoi de nouveau nous ne le chercherions pas »

 

En tout cas Abraham fut aussi improvisateur en Égypte et bien avant lui, dieu lui même, dès le commencement : "Que la lumière soit ! et la lumière fût". L’action rejoins alors le résultat.

 

Le temps, la matière, la vie sont des improvisations géniales ! sans lesquelles même ce site n’existerait pas.

 

Philosophie mis à part, voici quelques recettes pratiques pour s’initier à l’improvisation :

 

D’abord esquiver les obstacles : angoisse, inhibition, rigidité, tentation de répétition, etc.

 

Ensuite savoir que l’aptitude doit être mesuré dans le cadre des personnalités toutes différentes donc il faut rester simplement à sa place.

 

Suivre son chemin et ses ressources, de préférence promptes, dans le cadre des situations toujours autres.

 

Se concentrer et commencer par le silence. SHHHHHHHHHT !

 

Savoir que souvent pour clarifier il faut exposer d’abord.

 

C’est le début du code de bonne conduite de « l’agent » improvisateur.

 

C’est presque un art de vivre, faire partie du cosmos.

 

Soyons l’égal de ce que nous ne sommes pas encore !

 

Après tout, l’intuition n’est autre qu’une connaissance « a priori ».

 

Et l'amour ? Est-ce aussi de l’improvisation ? Qu’en pensez vous ?

 

Roberto SCHERSON

Mai 2010

 

Note : Cet article est issu de la lecture des ouvrages cités en référence.

 

Bibliographie :

 

RAYMOND Jean François. L'improvisation : Contribution à la philosophie de l'action. Librairie Philosophique J. Vrin, 1980. 231 p.

HUIDOBRO Vicente. "La creacion pura : Ensayo de estetica" dans

HUIDOBRO Vicente, EMAR Juan. Vanguardia en Chile. Edicion Santillana, 1998. 272 p.

 

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